La commission européenne à justement refusé la proposition du 6 + 5 de la FIFA, en revanche elle a accepté la règle présentée par l’UEFA qui va obliger les clubs à compter dans leur effectif une proportion de 8 / 25 joueurs formés localement dans le pays dont quatre formés au club.

On peut se demander si le fait que la FIFA et l’UEFA aient proposé leurs deux règles simultanément n’avait pas pour but de faire admettre la moins imbécile ? En tous cas, à l’arrivée, cela semble avoir réussi.

En effet, contrairement à ce que déclare M. Vladimir SPIDLA, le commissaire européen à l’emploi, cette règle n’est guère plus respectueuse du principe de libre circulation des travailleurs que celle du 6 + 5. Ou, autrement dit, elle est aussi discriminatoire que l’autre.
Il suffit pour s’en convaincre de soumettre ce principe à la question suivante :
À partir de quel nombre obligatoire de joueurs formés localement cette règle serait-elle discriminatoire ?
Selon nous :
1. Il faut croire que pour M. SPIDLA c’est 9, encore que faisant preuve de prudence, il se soit donné 4 ans pour juger de son aspect discriminatoire qu’il a perçu mais qu’il a vite contrebalancé par l’objectif de formation (que comporte cette règle ?).

On peut en déduire que M. SPIDLA ne doit pas être un grand spécialiste en formation de joueurs de football !

Faudra-t-il attendre quatre ans pour s’apercevoir que cette règle n’apportera aucune solution aux problèmes qu’elle est censée supprimer mais qu’au contraire elle créera d’autres problèmes tout en aggravant les vrais problèmes qui minent le football.

D’après nos éminents dirigeants de l’UEFA voici les principaux problèmes du football qui ont motivés les raisons de cette règle :

  1. 1- certains clubs ne forment pas assez leurs propres joueurs
  2. 2- l’équilibre des compétitions nationales n’est pas bon
  3. 3- permettre à des joueurs formés localement de jouer dans le club qui les forme
  4. 4- les difficultés rencontrés par les équipes nationales
  5. 5- l’absence d’identité régionale de nombreux clubs
  6. 6- le sureffectif de certains clubs.

Voilà donc les grands problèmes du football qu’ont recensés les inventeurs de cette nouvelle règle. Aucun mot sur le réel problème financier des clubs qui ont mille difficultés à éviter la faillite pour beaucoup d’entre eux, aucune pensée sur le problème que provoque le système actuel des transferts avec l’effet pervers des agents de joueurs, aucun souci au niveau de l’arbitrage alors que tout arbitre est en permanence pour le moins sous influence quand il officie, enfin aucune remise en question sur eux-mêmes, les grandes institutions du football, qui justement ne règlent aucun de ces réels problèmes étant elles assises sur un tas d’or !!!

Maintenant revenons aux « bonnes » raisons dont M. SPIDLA a besoin de quatre ans pour se rendre compte qu’elles sont quasiment toutes mauvaises :

1- Si certain clubs ne forment pas assez leurs propres joueurs c’est qu’ailleurs on les forme mieux qu’eux et quelque    soit les règlements mis en place il y aura toujours des structures ou on formera mieux qu’ailleurs

2- L’équilibre des compétitions nationales. Depuis que nous suivons le football tous les clubs ont eu des hauts et des bas, mais d’une manière générale ce sont toujours les clubs au plus fort potentiel qui briguent les premières places et depuis 50 ans cela ne semble pas mettre en péril les compétitions dans tous les pays !

3- Nous n’avons pour notre part jamais su qu’il était interdit aux joueurs formés de jouer dans l’équipe qui les a formés. Cela étant donc permis, je ne vois pas quel est le problème invoqué.

4- Difficile de répondre à un problème aussi flou. Simplement peut-on penser que la notoriété des équipes nationales commencent à souffrir de celle des grands clubs. Mais comme ce n’est guère avouable on parle de difficultés.

5- Alors là, le modèle c’est le style Atletico de Bilbao. Quand on voit dans quel esprit partisan se disputent les matchs au pays Basque, cela fait froid dans le dos. Ce n’est plus le football que l’on vient voir mais la victoire d’une région…

6- Pourquoi vouloir empêcher des dirigeants de se créer des problèmes s’ils veulent gaspiller leur argent dans un sureffectif, ce n’est pas un problème d’intérêt général mais le fait d’imbéciles dont il faut laisser leur propres erreurs les pénaliser.

Cette idée procède d’une méconnaissance totale de la « formation ». Manifestement aucun de ses promoteurs ne sait ce que formation veut dire.
En la matière, il y a des constats très simples qui resteront toujours vrais quelques soient les règles que l’on édicte :

  • –  On ne fabrique pas des joueurs on les révèle en se basant sur leur talent inné.
  • –  Le nombre de joueurs de talent est assez constant dans une population même s’il y a de meilleurs millésimes que d’autres.
  • –  Ce n’est pas parce les 20 clubs anglais vont se mettre à « former » qu’il y aura plus de talents pour constituer une équipe nationale de haut niveau. Nous avons tendance à penser même qu’en dispersant les talents dans plusieurs centres de formation on va à l’inverse de l’efficacité.
  • –  L’âge d’or de la formation est entre 10 et 15 ans or l’âge de référence pris par cette règle débute à 15 ans ?!
  • –  Il y aura des jeunes qui feront 3 ans de formation dans un pays et 3 ans dans un autre afin de valoir plus (notamment ceux qui seront bien conseillés par leur agent). Évidemment le pays le pus souvent choisi sera l’Angleterre. Ce qui aura pour conséquence de voir émigrer les jeunes talents français très vite vers ce pays…D’ici quatre ans, nul doute que d’autres effets pervers viendront s’ajouter à ceux que nous avons répertoriés.

Au fait, M. SPIDLA est aussi commissaire à l’égalité des chances, c’était bon à préciser…

JMG