Jean-Marc, Le projet présenté en juin réunissant le PFC et les Académies JMG semble en souffrance ?
En effet, comme indiqué dans le communiqué de la semaine dernière, le non respect des engagements et les dernières décisions prises par P. FERRACCI, nous obligent à constater que ce projet est probablement mort né.

Pouvez-vous rappeler quels étaient les grands axes du projet ?
Le projet était de faire un club parisien basé sur une vraie formation, en s’appuyant sur les Académies JMG existantes et dans le futur une Académie JMG à Paris, avec un jeu respectant la maxime de notre société : performance, spectacle et éthique.
L’autre axe était la mise en place d’une politique économique novatrice basée sur quelques préceptes d’un système de transfert présenté aux autorités du football et gouvernementales afin de tordre le cou au déficit du football et développer la transparence financière.

Quels étaient vos accords d’origine avec Pierre FERRACCI ?
Une prise de participation, qui en fait n’avait pas grand chose à voir avec la vraie valeur du club, mais correspondait à un droit d’entrée pour un projet qui, nous en étions convaincus, devait nous amener en L1 en six ans au plus. Cette réussite programmée demandait nécessairement que nous prenions et gardions quoi qu’il arrive le pouvoir de décision technique.
Pour assurer le succès de cet objectif, l’axe principal était la mise en place d’une politique technique s’appuyant sur les joueurs formés dans nos Académies.
Nous l’avions déjà fait par le passé avec succès à l’ASEC d’Abidjan et à Beveren en ne s’appuyant que sur une seule Académie alors qu’aujourd’hui nous disposons de 7 Académies JMG.

Que s’est-il réellement passé ?
Après un début de saison rendu difficile en raison de problèmes juridiques liés à notre arrivée, nous n’avons pu être opérationnel dans le club que 10 jours avant le reprise du groupe fanion. En plus de la période de découverte liée à chaque changement important, la préparation a été tronquée avec l’arrivée tardive de certains joueurs et la découverte de nombreux blessés de la saison passée.

Cependant, avec en tête la mise en place d’un projet à long terme, il n’y avait pas d’inquiétude particulière. Le début de championnat difficile était prévisible et nous avions prévu de faire un point après la 11èmejournée. P. FERRACCI a absolument voulu changer l’entraîneur avant le match de la 11ème journée, contre notre volonté, mettant en danger après 2 mois de compétition, un projet ayant provoqué de profond changements afin de mettre en œuvre les moyens pour obtenir l’objectif fixé de la L1 en 6 ans.

Pourquoi n’avoir pas rompu dès cette première divergence?
Nous avons dans un premier temps été surpris par cette décision. Nous avions conscience qu’il fallait renforcer le groupe et nous avions déjà une idée très précise de ce qu’il fallait faire. Nous avons tout fait pour que PF change d’avis. Il n’a rien voulu entendre.
Nous n’avons pas rompu alors, car nous voulions et pensions avoir encore une chance de reprendre ce projet. Nous nous sommes donc mis en pause.

Qu’entendez-vous par pause?

Une pause, c’est un arrêt momentané dans une activité. En désaccord sur la décision de changer d’entraîneur, il nous a semblé naturel d’attendre et de voir comme disent les anglais ce qu’allait donner ce changement.

Le changement s’est traduit en fait par une rapide mise à l’écart des joueurs issus des académies. Et ce, malgré que certains d’entre eux soient à notre sens des titulaires à 100%, comme ils l’ont montré sur les matchs de début de saison, ou comme ils le prouvent assez régulièrement lors des entraînements. Cela a d’ailleurs tellement perturbés les jeunes algériens BEN RABAH et EL MODEM que, découragés par les injustices répétées de l’entraîneur à leur égard, ils ont demandé à rompre leur contrat. Au moins pour l’un des deux, EL MODEM pour être précis, c’est à notre sens une perte réelle pour le club.

Pourquoi les dernières décisions provoquent maintenant la rupture ?
Nous avons depuis plus d’un mois fait part de notre inquiétude à tous les actionnaires sur la compétence de l’entraîneur actuel. Ce dernier a eu l’avantage d’avoir vécu le début de saison, sans prendre pour autant des décisions qui changent le cours des choses et ce malgré l’apport de trois nouveaux joueurs et le retour de blessés indisponibles depuis le début de saison. Les deux derniers matches avec deux points pour faire deux nuls chanceux aussi bien devant Luzenac à domicile et à onze contre dix, que devant le dernier au classement, jusque là sans aucune victoire, en revenant au score à la dernière minute sur une frappe de 30 mètres, et surtout l’indigence du jeu de l’équipe sous sa férule entraînant aucun espoir d’amélioration, témoignent du bien fondé de notre jugement de l’entraîneur actuel. D’ailleurs Pierre FERRACCI, s’est mis en chasse pour à nouveau changer d’entraîneur. Cette fois avec raison, mais avec quand même une idée étrange derrière la tête, garder comme adjoint l’entraîneur actuel. Il est vrai qu’il nous avait dit lors du premier changement d’entraîneur qu’il changerait à nouveau si la situation ne s’améliorait pas ! (Rappelons que le PFC en est à son 10e entraîneur depuis 7 ans ! )

Nous avons, encore une fois, proposé de reprendre la décision technique, pour espérer sauver le projet d’origine mais, contre l’extrême volonté de PF souhaitant garder contre toute logique Alexandre MONIER, cette possibilité n’a pas pu se réaliser.

Qu’elles seront les conséquences de cette rupture ?
Les deux derniers clubs (ASEC d’Abidjan et BEVEREN) où j’ai eu la totale responsabilité pendant au moins trois ans, malgré une situation financière catastrophique au départ, ont tous les deux connus sous ma direction une sorte d’apogée. Tous les deux ont bénéficié d’un vrai projet s’appuyant sur une bonne formation. Après mon départ, démunis de véritable projet, ces deux clubs ont connu déficit sur déficit et une chute très nette de leur résultat sportif et de leur image. La première conséquence de cette rupture est que le PFC est redevenu un club sans vrai projet. La seconde, c’est que nous avons maintenant une vision très claire de ce que nous devons faire.

Alors comment voyez-vous l’avenir du PFC ?
Je pense que le PFC fera cette année un déficit record (déficit pour lequel nous n’aurons qu’une très faible responsabilité), qu’il a une chance sur trois de se sauver de la descente, et que si c’était le cas, il ne serait de toute façon pas plus avancé que les saisons précédentes. Si, comme c’est malheureusement le plus probable, le PFC devait descendre, la conséquence la plus heureuse pour le club serait une redistribution des cartes au niveau de sa direction.

L’arrivée de Jacques SANTINI pourra-t-elle donner un autre élan au PFC ?
Je ne remets pas en cause à la fois l’expérience et la compétence de Jacques. Je n’ai pas été consulté pour ce choix. Mon idée était de changer d’entraîneur en interne pour concentrer les efforts financiers sur le recrutement et ne pas perdre de temps dans l’appréciation de la valeur des joueurs de l’effectif.
J’ai souligné un point qui me semble primordial et incohérent dans la démarche du club, celle de rémunérer une compétence pour soutenir un entraîneur (donc jugé insuffisant) en laissant pourtant à ce dernier le soin de décider de la composition d’équipe.
Composer une équipe est probablement l’acte le plus décisif sur le résultat. Espérer changer ces résultats en faisant venir quelqu’un qui n’aura pas le pouvoir de le faire est un non sens.

Comment se comporteront les joueurs issus des académies et quel sera leur avenir ?
Nous avons toujours recommandé aux joueurs que nous avons formés de faire le maximum pour bien jouer. Donc de bien s’entraîner et d’avoir un comportement irréprochable. Cela quel que soit le club où ils se trouvent. Je rappelle une évidence : c’est à la fois leur intérêt et le notre.
Malgré cette habitude, nous n’empêcherons pas les mauvaises langues, de nous faire porter le chapeau sur le comportement ou les soi-disant mauvaises performances des Académiciens comme l’a d’ailleurs fait l’entraîneur actuel pour justifier de ses piètres résultats depuis qu’il officie, même quand aucun Académicien n’était sur le terrain !

Pourtant, j’ai suffisamment vécu d’expériences en tant que joueur avec certains entraîneurs, où le dilemme était de distinguer quel devait être le bon comportement, pour savoir que le bon comportement des joueurs est une notion assez subjective. Dans tous les cas, les dirigeants avisés savent que cette notion est plus liée au comportement de l’entraîneur, qu’à des conseils ou des directives venant de l’extérieur.

Qu’envisagez-vous pour l’avenir ?
Nous allons rebondir. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, spécialement dans le football gangréné par des personnes qui ferait bien ne pas y être pour son éthique. Nous avons de nombreux joueurs à promouvoir en même temps qu’un jeu et une vision sur le football à faire partager.
Notre « ressource joueurs » est très importante, près de 200 nés entre 1992 et 2000, notre volonté intacte et les possibilités de développement importantes. Nos partenaires dans les Académies disposent de clubs qui permettront de ne pas mettre à mal la logique sportive de nos projets communs.

Bref, malgré le coup d’arrêt, provoquant de la perte de temps, lié au non respect des engagements de départ du partenaire principal dans le projet du Paris FC, l’avenir s’annonce positif pour les gamins des Académies que nous devons promouvoir.

Quant à notre société, elle va se mettre en quête d’un nouveau club en prenant encore plus de garanties juridiques qu’elle ne l’a fait pour PARIS.

Il faut s’adapter à la perte des valeurs fondamentales comme l’honnêteté ou le respect de sa parole.

Ce sont des valeurs que nous enseignons dans les Académies JMG et qui doivent naturellement être la base de celles du club que nous dirigerons.