Il a marqué le derby aller contre Lorient d’un quadruplé supersonique inscrit en 25 minutes, il y a 1 mois. Kamory Doumbia est un joueur aussi talentueux que mystérieux, issu de l’académie Jean-Marc Guillou au Mali, où il a grandi.
Après le quadruplé express de Kamory Doumbia au match aller contre Lorient (4-0), beaucoup étaient restés ébahis, à se demander d’où pouvait bien sortir ce numéro 10 de poche, quasi inconnu jusqu’ici. La réponse se situait à plus de 4 000 kilomètres de là, au Mali, où Frédéric Martin savourait au même moment l’exploit de son ancien protégé.
L’ex-défenseur de Nice dans les années 1990 avait de quoi être heureux. Il a participé pendant dix ans à polir ce jeune talent au sein de l’académie Jean-Marc Guillou, à Bamako. Depuis, il attendait cet instant où Doumbia se révélerait en pleine lumière. Sûr de lui. Même s’il ne l’imaginait pas aussi spectaculaire. « C’est bizarre, mais pour moi, c’était une évidence qu’il réussirait. Il y a des joueurs, tu sais où ils vont aller, il n’y aura pas de difficulté. Tu ne te dis pas : “Oh ! On ne pensait pas’’. Non, ça ne m’étonne pas. »
Enfant de Sebenikoro, quartier pauvre de Bamako
Le directeur général de la JMG a vu grandir le Malien. La première fois qu’il l’a aperçu, Doumbia n’avait que neuf ans. Il venait de réussir un stage de détection auquel il n’aurait même pas dû participer. Trop léger avec ses 25 kilos sur la balance. Mais le forfait de dernière minute d’un autre joueur lui avait finalement permis d’intégrer le groupe. Une évidence et le début d’une formation qui durera dix ans au sein de la structure. Jusqu’à son départ du Mali pour Reims à l’été 2021.
Le pays, l’actuel milieu du Stade Brestois ne l’oublie jamais. Il lui a dédié sa première pensée après ses quatre buts contre les Merlus, le 20 décembre. « Le ballon est dans mon sac, il va jusqu’au Mali dès demain ! Je vais le donner à mon petit frère, il a dix ans, il joue au foot aussi, ça va lui faire plaisir », lançait-il dès la sortie du vestiaire.
Des filets de Francis-Le Blé au sol en terre du quartier de Sebenikoro, le ballon a remonté en sens inverse la trajectoire de Kamory Doumbia. C’est là-bas, dans la partie ouest de Bamako, que se trouvent les origines du milieu de terrain. Il a grandi dans ce quartier pauvre de la capitale malienne, étendu le long de la rive gauche du fleuve Niger. « Le niveau social est très modeste. Ce sont des enfances difficiles. Mais il était entouré de sa famille. Avec les difficultés du quotidien », résume sobrement Frédéric Martin.
De gauche à droite : Mahamadou (Antwerp), Konaté (Clermont), Kamory, Traoré (Ijoh)
Une personnalité maline sur le terrain et en dehors. « Dans son groupe, ils faisaient des petites bêtises ensemble. Tout le monde se faisait piéger, mais lui il parvenait toujours à s’en sortir », rigole Frédéric Martin qui se souvient aussi des qualités de danseur de l’international malien (13 sélections, 5 buts). « Il adore ça, il avait toujours une enceinte avec lui. Avec la musique, il faisait tout le temps des saltos. »
À Francis-Le Blé, le 20 décembre dernier, c’est sous le son des applaudissements des supporters brestois que Kamory Doumbia s’est laissé aller à ce geste acrobatique. Comme un clin d’œil à son enfance au Mali.
source www.ouest-france.fr