Jean-Marc Guillou, le retour aux sources
Installé en Côte d’Ivoire, le technicien et formateur français a lancé un vaste programme national, baptisé C’Jeune en partenariat avec la fédération.
Plus de vingt-cinq ans après avoir lancé l’aventure de l’Académie du côté de l’ASEC, Jean-Marc Guillou (73 ans) retrouve donc un pays dont il a bouleversé pour toujours le destin sportif, ses « filleuls » ayant constitué l’ossature de l’équipe nationale qui a disputé trois phases finales de Coupe du monde (2006, 2010, 2014) et remporté la CAN en 2015 après deux finales perdues (2006, 2012). Condamné par défaut à cinq ans de prison par la justice ivoirienne dans l’affaire qui l’opposait à l’ASEC d’Abidjan, le Français a d’abord reçu l’assurance des autorités du pays qu’il pouvait revenir avant de s’engager auprès de la fédération (FIF), à la demande du président Augustin Sidy Diallo pour un projet destiné à relancer le football ivoirien.
Baptisé C’Jeune, ce qui constitue désormais un département propre de la Fédération s’apprête à organiser des compétitions de jeunes, mixtes dans un premier temps, âgés d’au moins huit ans et regroupés par catégorie de poids. Et c’est avec son ami et associé de toujours, Lambert Amuah, que JMG pilote C’Jeune. «Le poids ne ment pas, les âges sont complètement bidons ici, précise JMG. Un gamin ne pourra pas rester plus de deux ans dans la même catégorie. On commence à moins de 30 kilos puis à moins de 35. On a édicté des règles adaptées à l’Afrique et à la méthode et à la philosophie de l’Académie, avec des 4 contre 4 sans gardien, pieds nus. Ensuite, ce sera des 5 contre 5, des 7 contre 7 avec gardien et taille du but étudié, des 8 contre 8, des 10 contre 10 et enfin 11 contre 11. Les enrôlements sont lancés. A partir de janvier-février, on espère avoir 20 à 25 000 adhérents, juste sur la région test d’Abidjan. L’année d’après, ce sera certainement plus facile d’avoir plus de monde.»
«C’Jeune part du constat qu’il n’existe rien ici pour les très jeunes»
La première édition démarrera dans les treize communes d’Abidjan avant de s’étendre à l’intérieur du pays. L’idée, sous une décennie, est bien de couvrir l’intégralité du territoire national. Le modèle économique est basé sur le sponsoring et les droits d’adhésion fixés à 30 000 FCFA, soit 45 euros, par adhérent. Chacun disposera d’une carte d’adhésion biométrique. «C’Jeune part du constat qu’il n’existe rien ici pour les très jeunes, poursuit Guillou. On s’est dit qu’il fallait créer une compétition pour susciter un vrai football de masse. Pour y arriver, il faut que des clubs se créent. la FIF nous dit qu’il y a 500 structures de jeunes ici et là. Mais ce n’est pas assez ! Il devrait y avoir 3000 ou 4000 clubs inscrits à la FIF. En France, créer une association de foot n’est pas compliqué. Ici, ça coûte cher et en plus, cela passe en AG des clubs. Ce sont eux qui donnent leur accord ou pas. Mais ils ne valident pas beaucoup de nouveaux clubs chaque année.»
«On va être obligés de jouer sur des surfaces synthétiques car effectivement, on est pauvres en terrains»
Pour l’heure, C’Jeune n’a pas encore démarré ses compétitions, qui seront dotées de prix, selon JMG : «À 20 000 participants, le premier de sa catégorie, champion national, recevra 10 millions FCFA (15 000 euros), le finaliste 3 millions et le troisième un million. À 40 000, les vainqueurs recevront le double.» Reste à mettre en place ces plateaux un peu partout sur le grand Adidjan. «Nous avons reporté le début des tournois à fin mars pour plus d’efficacité d’organisation, complète Amuah. Nous continuons d’inspecter les sites et le District d’Abidjan va contribuer à nous aider à en réhabiliter quelques-uns.» Le projet se heurte en effet à la difficulté de trouver des surfaces de jeu de qualité sur Abidjan et ses environs. «On va être obligés de jouer sur des surfaces synthétiques car effectivement, on est pauvres en terrains», regrette Guillou, qui espère faire rapidement venir un spécialiste de France pour préparer des plaines de jeu, afin que les jeunes disposent de conditions de pratique idéales. Ce n’est pas le seul besoin de la structure : «Elle nécessite des chefs de table qui vont remplir les feuilles de matches, très complètes sur le plan des statistiques, un peu comme au basket. Tout sera informatisé, il y aura des cartes virtuelles d’adhésion.»
source www.francefootball.fr
de Frank Simon