Un titre de Gilberto Gil ambiance l’atmosphère. Fermez les yeux. Entretien. Claudio Ramiadamanana évoque son parcours, sa vie, son arrivée à La Roche sur Yon. Ses aspirations aussi. Du stade Henri Desgrange au stade Maracanã. Ou vice-versa… A déguster en sirotant une caïpirinha, une cachaça ou une liqueur de Catuaba…
Madagascar. Contrée africaine posée en bord d’océan indien. Ile carte postale non loin de la Réunion, des Seychelles ou de l’Ile Maurice. Territoire multiculturel brassé par le mélange. C’est là, à Antananarivo, que naît Claudio Ramiadamanana le 22 octobre 1988.
Gamin, il tombe comme ses copains du quartier sous le charme du foot. Enchaîne les parties. Les tournois. Les matches en compétition officielle avec son club d’Antafana.
Année 2001. Le destin du footballeur en culotte courte bascule. L’Académie d’Abidjan de Jean-Marc Guillou se délocalise avec l’implantation d’une antenne locale. Direction ce grand caillou de quelque 600 000 kilomètres carrés. Forcément, des pépites ne demandent qu’à être façonnées. Des joueurs à être formés. Des talents à être repérés. Un premier tournoi opposant les équipes des quartiers est organisé. Claudio Ramiadamanana tape dans l’œil des recruteurs. « Ils m’ont demandé si je voulais les suivre pour un autre regroupement. J’ai évidemment accepté. Après ce nouveau regroupement et des tests, ils m’ont pris », se souvient l’attaquant.
Comme ses nouveaux partenaires au sein de l’Académie Jean-Marc Guillou, Claudio Ramiadamanana commence pieds nus à sentir, apprivoiser, taquiner, vivre le ballon. Le jeune garçon fait ses gammes. Répète. Inlassablement. Jamais la moindre once de lassitude. « J’y suis resté sept ans. Sept années durant lesquelles j’alternais études et foot. »
« LA PROPOSITION DE LA ROCHE ÉTAIT LA PLUS SÉRIEUSE ET CONCRÈTE »
Des fourmis dans les crampons, sa formation touchant au but, le Malgache prend ensuite son envol. Quitte finalement son berceau. Et l’Académie le devoir bien accompli. Plusieurs offres se présentent. Il met le cap sur la Thaïlande pour revêtir la tunique de Muang Tong United en première division. L’expérience sera de courte durée, un semestre, Claudio Ramiadamanana ne réussissant pas à s’y épanouir.
Suit un petit tour de France qui le mènera de Romorantin au Paris FC en passant par Orléans. Un crochet aussi à l’ile de la Réunion. Avant de se fixer cette saison en terre yonnaise pour évoluer sous les couleurs de La Roche VF en CFA2. « J’ai eu plusieurs contacts avec des clubs en CFA et CFA2. La proposition de La Roche était la plus sérieuse et concrète. Je me suis vite adapté. J’ai aussi retrouvé Florent Malet avec qui j’avais joué à Saint-Pierre de la Réunion. Ma vie à La Roche ? Des sorties avec les potes, le cinéma par exemple », confie le petit gabarit. « Et aussi les jeunes U7 à U10 que j’encadre. Je vais aussi voir pour suivre une formation dans le commerce. On sait bien que le foot ça ne dure pas toute une vie. »
Oui, le foot justement. Le joueur. Son style. Ses qualités. Petit, véloce, explosif, dribbleur, adroit des deux pieds, « pas mauvais de la tête même si je ne suis pas très grand », « solide sur mes pattes », Claudio Ramiadamanana officie comme ultime dynamiteur des défenses adverses ou un cran plus bas, le joueur se sentant aussi bien « en pointe qu’en neuf et demi ».
« RONALDINHO RESTERA TOUJOURS LE MEILLEUR DE TOUS »
Malgré le début de saison compliqué pour son équipe en CFA2, loin des ambitions d’accession affichées, Claudio Ramiadamanana n’est pas trop inquiet. Pas encore. « Nous n’avons pas perdu contre des équipes vraiment plus fortes. Plutôt payé des erreurs d’inattention. On va corriger cela pour vivre une bien meilleure seconde partie de saison. Et puis il y a eu beaucoup de changements dans l’équipe et notre effectif n’est pas si large que ça. Voilà pourquoi on a connu des difficultés. Mais ça va s’arranger. »
Son avenir ? Claudio Ramiadamanana fera le point à la fin de cette saison 2014/2015 quand son contrat arrivera à terme. Poursuivra-t-il une saison supplémentaire en cas de proposition de ses dirigeants ? Ira-t-il voir plus haut ce qu’il s’y passe lui rêvant toujours de « signer un contrat pro » ? « On verra ça au moment venu », sourit l’attaquant de poche.
Un attaquant « surnommé Romario » pour les quelques particularités footballistiques partagées avec le génial brésilien. Un attaquant issu de la « promotion Garrincha ». Un attaquant international malgache sélectionné à trente-deux reprises. Un attaquant pour qui « Ronaldinho restera toujours le meilleur de tous loin devant Messi, Ronaldo et les autres ».
Romario, Garrincha, Ronaldinho, triplé de références au pays auriverde. Qui sait alors, Claudio Ramiadamanana écrira la prochaine ligne de sa carrière en terre de samba, patrie de la Seleção et joutes du Brasileirão…
F.H.
Crédit photos : archives Foot85 – C.-H.C.
CLAUDIO RAMIADAMANANA VU PAR… ERIC BOURGET
L’entraîneur de La Roche VF et manager sportif du club livre son point de vue sur le joueur, ses qualités, ses domaines de progression. Et
évoque l’homme… Eric Bourget a la parole.
« Claudio, c’est un joueur qui présente une expression avec le ballon assez exceptionnelle. Clairement, il possède des qualités techniques intrinsèques bien supérieures au niveau CFA2. C’est un joueur atypique qui évolue plus en 9 et demi, un joueur adroit devant le but et qui aime faire la passe décisive. Il sent le jeu. Il progresserait plus encore en faisant parfois preuve d’un peu plus de simplicité dans son jeu. Il veut tellement faire la bonne passe que, parfois, il peut en faire un petit peu trop. Il gagnerait à améliorer son appréciation dans certaines phases de jeu. Il peut encore faire mieux comme l’ensemble de l’équipe.
L’homme ? Quelqu’un de facile à vivre, parfois discret et réservé mais aussi qui aime communiquer. C’est un leader. Il ne pose aucun problème de comportement et je ne vois pas quel reproche on peut lui faire. Le conserver à la fin de la saison ? Bien évidemment qu’on l’espère. Cela dépendra aussi sûrement d’éventuelles possibilités qui lui seront offertes de pouvoir évoluer à un niveau supérieur. Mais comme nous n’avons pas encore abdiqué nous non plus à l’idée de franchir un échelon, on verra. En tout cas, oui, si je l’ai fait venir ce n’était pas pour une année et j’espère bien qu’il sera encore présent la saison prochaine. »