C’est avec un immense plaisir que nous accueillons Jean Marc Guillou pour notre Newsletter numéro 3.
Jean-Marc Guillou (JMG) est un personnage incontournable du football en France et en Afrique, il est certainement le seul professionnel à posséder la palette complète dans le foot : tout d’abord footballeur professionnel (maitre a jouer du SCO d’Angers, puis membre du trio magique de l ‘OGC Nice avec Roger Jouve et Jean-Noel Huck) et international français (Coupe du monde 78), puis entraineur-joueur, entraineur, président, manager et finalement formateur et fondateur de plusieurs académies dans le monde (http://jmgfootball.com/fr/). Bon il n’a pas été…agent et pour cause !
JMG se bat depuis des années pour un foot non seulement de qualité mais surtout pour un football propre. C’est pourquoi il a imaginé un système révolutionnaire des transferts : DNC ou ZAP (aller sur le menu du site JMG FOOTBALL et taper JMG Evolution), qui permettrait d’éviter tous les excès et les combines qui règnent grâce au système actuel.
La rédaction a donc voulu en savoir plus et JMG s’est prêté au jeu des questions réponses :
En quelques lignes, comment définirais-tu le fonctionnement du ZAP ? quelles seraient les différences essentielles avec le système actuel ?
JMG : le ZAP est un actif relatif à un joueur. Il appartient à un club ou à une structure de formation. C’est en quelque sorte la valeur ajoutée à un joueur par le club ou par la structure de formation.
Pour essayer de faire simple le ZAP est :
– Un actif lié à un joueur
– Qui appartient au club ou à la structure de formation qui contracte en premier avec le joueur;
– Cet actif peut par la suite appartenir à celui qui l’acquiert ;
– Confère à la structure qui le détient, la capacité d’autoriser le transfert d’un joueur d’un club vers un autre quand le joueur n’est pas libre (est sous contrat) ;
– Il n’est pas exigible par son propriétaire au moment de changement de club du joueur s’il est libre (au terme du contrat) ;
– Il peut donc être détenu par un autre club que celui du joueur ;
– Il est négociable à tout moment librement par son propriétaire, sans que le joueur puisse s’y opposer (donc écarte les agents de cette négociation entre les clubs).
Le ZAP ne remet pas en cause le contrat à temps et il pourra équilibrer de manière équitable les flux financiers entre Clubs et Joueurs.
Il fut un temps où les clubs profitaient des joueurs avec des contrats sans fin car indéterminés. Depuis plus de 20 ans cela s’est inversé. Maintenant, ce sont les joueurs et entraîneurs qui profitent des contrats à temps et de l’absence de règles intelligentes susceptibles de pondérer les salaires et de réguler les opérations de transfert.
Voici les principales différences avec le système actuel :
Le ZAP :
– Ne nécessite que deux accords celui du club vendeur et celui du club acheteur ;
– Les transactions peuvent avoir lieu à tout moment ;
– Les offres d’achat des clubs acheteurs doivent transiter par une chambre d’enregistrement qui les transmet au club titulaire du ZAP du joueur concerné ;
– Supprime l’indemnité de formation inadaptée et restant une entrave à la liberté du travail du joueur ;
– Protège réellement la formation et encourage celle de qualité ;
– Facilite la gestion des clubs au niveau des recrutements, des reconductions de contrat et des rapports entre clubs et joueurs ;
– Enfin, le ZAP permet de supprimer la DNCG ou l’usine à gaz du Fair-Play Financier en réglant les problèmes financier en amont.
Pourquoi un tel projet concernant le transfert des joueurs ?
JMG : Les raisons de ce projet sont assez évidentes en voici les principales :
– l’absence de protection réelle de la formation ;
– la difficulté de tous les dirigeants à gérer leur Club ;
– l’opacité dans laquelle se font ces opérations.
A qui as-tu présenté cette proposition ?
JMG : Je l’ai présentée à presque toutes les institutions (FIFA, Fédérations et ligues diverses, UEFA). Les seuls retours que j’ai eus ont été le fait d’avocats ou de juristes qui travaillent dans ces institutions et qui trouvent cela très bien en mettant même en doute que cela soit un footballeur qui l’ait pensé. Pour une majorité de gens, un sportif peut-il réfléchir ? C’est une question à laquelle beaucoup d’entraîneurs répondent non… Ce qui fait toute la différence dans l’approche de la formation et de la philosophie de jeu.
Ces institutions ne t’ont donc jamais vraiment répondu sur le fond ?
JMG : Aucune réponse. Ni sur le fond, ni sur la forme
On pourrait donc penser que les instances du football se contentent du système actuel tout en dénonçant quelque fois certaines dérives. Peut-on dire qu’elles s’en accommodent ?
JMG : Il semble évident que les instances du football, manquent de discernement à propos des problèmes connus par les clubs. Cela peut expliquer, le refus de faire évoluer un mauvais système. Mais d’autres raisons telles que :
– la peur de ce qui est nouveau ;
– l’angoisse de la transparence ;
– le lobying des agents ;
– la frilosité des institutions.
Peuvent expliquer que ces instances s’accommodent de constater qu’une grande majorité de clubs soient au bord du dépôt de bilan.
C’est incroyable. Car chaque saison qui passe nous donne un peu plus raison. Au niveau de la formation, l’attitude des parents et enfants devient inimaginable. La gratitude fond comme neige au soleil. Cela fait le jeu des agents qui, avec quelques euros et beaucoup de promesses, ruinent royalement 5 à 7 ans de travail de formation.
Les agents justement, ils sont devenus les « décideurs » du football. Le « CIES Observatoire du football » remarquait dernièrement que : « Les opérations de transferts profitent bien souvent d’abord aux intermédiaires (agents ndr) qui se placent au cœur des transactions, ainsi qu’aux dirigeants ou aux entraineurs avec qui ils collaborent ».
Les agents et le système actuel des transferts constituent un vrai cancer pour un grand nombre de clubs. Actuellement, seuls les grands clubs peuvent s’en sortir.
Comment donc stopper ce phénomène nocif puisqu’il semble bien que dirigeants et staff technique s’invitent afin de partager le gâteau ?
JMG : la seule solution est de réformer les opérations de transfert avec le système que nous préconisons afin de rendre ces opérations transparentes.
On parle de plus en plus de Tierce propriété avec l’entrée dans l’arène de Fonds d’investissements. La FIFA et l’UEFA dénoncent ce phénomène, la Pologne, l’Angleterre, la France et maintenant le Brésil l’interdisent, mais à entendre les Fonds d’investissements rien ne semble vouloir les arrêter. Alors là encore comment intervenir ?
JMG : Les institutions internationales sont incohérentes. Elles s’offusquent de l’existence de fonds d’investissement, alors que leur immobilisme et leur renoncement à revoir le système des transferts en sont directement à l’origine. A moins de se substituer à ces fonds d’investissements et redistribuer une partie des tas d’or sur lesquels elles sont assises, je ne vois pas comment ces instances pourront endiguer ce phénomène.
En effet, comment demander aux membres (clubs) d’une activité, dont la plupart souffrent d’un manque cruel de trésorerie, de refuser l’aide de fond d’investissement afin de garder ou se pourvoir en bons joueurs ?
Ce manque de finance est directement lié au contrat à temps et aux règles des transferts de joueurs. Si les instances internationales ne veulent plus de tierces parties, alors qu’elles règlent les équilibres entre les deux protagonistes principaux du football les clubs et les joueurs.
Mais, personnellement, je ne vois pas pourquoi on devrait empêcher les fonds d’investissement de s’intéresser aux sports et notamment au football. Les deux derniers propriétaires du Paris SG n’ont-ils pas été des fonds d’investissement
Le ZAP pourrait encore une fois être une réponse plus cohérente à l’arrivée de ces fonds d’investissement.
Interview de Marc Duvillard.