À douze ans déjà, les petits gamins de l’académie du Paradou AC aux pieds nus administraient, il y a quelques années de cela, de véritables leçons de football aux joueurs des autres clubs nettement plus âgés qu’eux. Que sont-ils devenus aujourd’hui ? El Watan Week-end tente d’y répondre.

 

Les jeunes du PAC lors du tournoi de Lyon face au Servette de…

C’est en 2007 que le président du Paradou AC, Kheireddine Zetchi, lance son projet de mettre sur pied un centre de formation du Paradou en collaboration avec l’académie de Jean-Marc Guillou. Celui-ci est confié à Olivier Guillou, son neveu. Après avoir travaillé à l’ASEC Mimosas à Abidjan et dirigé une académie à Madagascar, le technicien français a voulu tenter l’expérience en Algérie. La période de prospection s’est étalée sur deux ans et pas moins de 20 000 enfants ont été supervisés. Après une première présélection, 16 joueurs seulement ont été retenus. La progression de ces enfants était phénoménale.

Au bout d’une année et demie, le vieux stade de Hydra affichait complet, chaque jeudi, lors des productions de l’équipe, d’autant plus que le club s’imposait le plus souvent par des scores-fleuves face à des joueurs plus âgés qu’eux. Le MCA, la JSK, le CRB, l’USMB et l’ASMO ainsi que le NARB Réghaïa, l’ESM Koléa et bien d’autres équipes y ont tous laissé des plumes. Les petits virtuoses ont su réconcilier le football avec le beau spectacle. C’est ce qui expliquait l’engouement populaire né autour de cette équipe. Le mérite est d’autant plus grand que ces talentueux joueurs évoluaient pieds nus et sans gardien de but. Une manière, expliquait Olivier Guillou, de ne pas handicaper les jeunes qui ne pesait à l’époque que 27 kg et aussi les pousser à défendre plus haut dès la perte du ballon et tous ensemble.

Enfin la compétition !

Que sont devenus les joueurs aux pieds nus ? «Ils ont grandi», nous dira, d’un air amusé, le premier responsable du PAC, Kheireddine Zetchi. Cette année, l’équipe a été intégrée dans le championnat des U20. «C’est notre première année, alors qu’auparavant, on ne jouait que des matches amicaux. La compétition est bien différente des rencontres amicales. Au début, c’était difficile pour nous, mais après nous avons bien géré la suite du parcours. La preuve, nous avons terminé la saison à la 3e position, juste derrière l’USM Alger et la JS Kabylie», dira le joueur Walid Zoubir Talbi.

La satisfaction est également perceptible chez le premier responsable technique de l’académie du Paradou, Olivier Rousset, installé en Algérie depuis maintenant un an et qui a remplacé  l’ancien directeur du centre, Olivier Guillou, parti au FC Paris. «Je suis très content du travail qu’on a fait cette année avec les joueurs. Ils progressent bien. Dans le championnat des U20, on avait eu un petit problème au début, parce qu’il avait une différence d’âge de 2, voire 3 ans. Nos adversaires ont des joueurs qui sont nés en 1993, alors que les nôtres sont nés en 1995 et 1996. Mais après, sur la deuxième partie du championnat, on a commencé à gagner tous nos matches haut la main avec un écart de trois buts et plus», déclare-t-il.  

Seniors

La progression des joueurs de l’académie ne s’est pas arrêtée là. Certains ont été promus en équipe seniors, qui évolue dans le championnat amateur, groupe Centre. Karim Benkhlifa a été le premier joueur à être intégré au sein l’équipe senior, lorsqu’il avait pris part au match des 32es de finale de la Coupe face au détenteur du trophée, l’ES Sétif, alors qu’il n’avait que 17 ans. Au-delà de la défaite, le joueur a fait une belle prestation, poussant ses responsables à songer à renouveler cette expérience avec d’autres joueurs en championnat, surtout que les résultats de l’équipe première n’étaient pas à la hauteur des attentes des dirigeants.

L’ancien responsable de la formation au Ahly Djeddah, Olivier Rousset, affirme qu’ils étaient une dizaine de joueurs à avoir été alignés dans le championnat, dont l’âge ne dépassait guère les 18 ans. Sur cette expérience, Zoubir Walid Talbi précise : «Au début, c’était très difficile pour nous, surtout que le championnat amateur se base beaucoup sur le côté physique. C’était difficile de poser le ballon. Il faut vraiment être à 100% de ses moyens afin de pouvoir jouer face à eux. Mais par la suite, on a fini par nous adapter.»

Prise en charge

Karim Meliani, l’ancien attaquant de l’OM Ruisseau et du CR Belouizdad, et qui est  entraîneur des U20 du PAC, dira : «Les joueurs viennent de rentrer d’un tournoi à l’étranger. Il y a des joueurs qui vont être testés. Je pense qu’il y a trois joueurs qui devraient  partir pour Porto. Ce club les a sollicités. Aujourd’hui, le club compte une quarantaine de jeunes. Ils sont en train de poursuivre leur formation pour atteindre les objectifs tracés par le Paradou JMG.» Le club vient de bénéficier d’un centre à Tassala El Merdja, «El Ankaoui», avec toutes les commodités nécessaires à l’épanouissement et la progression de ces jeunes. Celui-ci a commencé à accueillir de nouveaux locataires, qui ont trouvé le cadre idéal pour s’entraîner, mais aussi pour faire des études en système d’internat. Pour l’heure, le centre compte trois promotions en attendant une quatrième pour bientôt.

L’ombre du PAC

Si pour beaucoup d’Algériens, l’académie du Paradou est l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure, cela ne semble pas être l’avis des responsables du football algérien. C’est ainsi que l’entraîneur des U17, Hassan Belhadj, avait décidé en décembre dernier de se passer des services des joueurs du PAC en raison de leur petite morphologie, laisse-t-on entendre. Le résultat n’a guère été meilleur, les Algériens se sont fait éliminer de la compétition par le Botswana aux tirs au but au stade de Bologhine. Le coach des U20, le Français Jean-Marc Nobilo, a fait de même lors du dernier Championnat d’Afrique, disputé en Algérie, en ne convoquant aucun joueur du PAC, avec le fiasco que tout le monde connaît, ponctué de 3 défaites et zéro but marqué dans la compétition. Certaines indiscrétions font état que les responsables de la FAF n’ont pas du tout apprécié que l’académie du PAC fasse de l’ombre à celle lancée par la Fédération algérienne de football. A quel prix ?

Ambitions

L’été dernier, trois joueurs, à savoir Djamel Ibouzidène, Anis Benrabah et Abdellah Moueden, sont partis au FC Paris. Anis Benrabah et Abdellah Moueden sont revenus au bercail, où ils ont pris part aux matches de championnat seniors avec le PAC. Le rêve d’embrasser une carrière de professionnel reste omniprésent dans l’esprit de chaque joueur, comme l’indique Karim Benkhelifa : «Jouer en équipe nationale et partir en Europe si une opportunité se présente restent mes objectifs.» «Si je n’arrive pas à décrocher un contrat à l’étranger, j’espère personnellement jouer l’accession avec le Paradou afin de remettre le club en Ligue 2 et pourquoi pas, l’année d’après, en Ligue 1», déclare, pour sa part, Walid Zoubir  Talbi.

Depuis les tournées effectuées à l’étranger, dont le dernier déplacement a eu lieu à Lyon, les jeunes font l’objet d’un certain intérêt de la part de grands clubs, à l’instar de Porto. Toutefois, le président Zetchi précise à ce sujet : «Pour le moment il n’y a rien. C’est une éventualité. Les relations avec les managers viennent juste de se nouer, mais il n’y a rien d’officiel.» D’ici là, les Abderaouf Benguit, Zakaria Naïdji, Zakaria Mansouri, Sid Ahmed Chaïba et bien d’autres continueront à faire du spectacle sur les terrains algériens. Ils joueront cet après-midi la demi-finale face à l’équipe de Dijon au stade de Hydra, à l’occasion du tournoi des U20 qu’organise le PAC.

Source
http://www.elwatan.com/sports/quand-l-academie-du-paradou-montre-la-voie-de-la-formation-31-05-2013-215712_110.php